Le trajet pour l'aéroport c'est LE trajet qu'il faut connaître ici quand on vient pour quelques mois et Alex commence à pouvoir y aller les yeux fermés.
D'abord il y a les allers-retours pour aller chercher nos amis de passage mais ça c'est du plaisir.
Ensuite il y a eu l'épisode des malles. Nous nous sommes fait expédier des malles avec du matos de peinture pour Alex et des jeux pour les enfants. Pour les récupérer, il a bien dû y aller 6 ou 7 fois, négocier, négocier, aller chercher un papier, revenir avec le papier, négocier...
Comme ça ne suffisait pas, il y a aussi l'aventure des visas. Nous sommes ici avec un visa socio-culturel qui peut durer jusqu'à 6 mois. Avant de venir, nous avions fait faire nos visas à l'ambassade d'Indonésie à Paris. Ces premiers visas étaient valables 2 mois et nous avons découvert qu'il fallait ensuite les renouveler tous les mois avec un minimum de 3 allers-retours à l'aéroport si tout se passe bien, qu'il ne manque aucun papier, que la loi n'a pas changé depuis la veille, que tout est bien écrit, etc. (Ca c'est sans compter les allers-retours à l'Alliance Française qui est notre sponsor et qui doit signer tous les papiers.). Le premier renouvellement s'est assez bien passé, il fallait remplir des dossiers, faire faire une lettre par notre sponsor dont le modèle est affiché à l'aéroport mais pas disponible sur feuille (il faut donc le recopier) et c'est tout. Une fois pour prendre les dossiers, une fois pour les rapporter, une fois pour récupérer le reçu, une fois pour payer, une fois pour récupérer les visas...
Anticipant le renouvellement, Alex demande en même temps les dossiers suivants. Je m'y colle un soir avec lui. Tout est en indonésien, il faut recopier 3 fois le nom, l'adresse, le numéro de passeport, etc. mais aussi dire de quelle couleur sont nos cheveux, nos yeux, nos doigts de pied, si on est marié, quelle est notre religion, notre niveau d'études... ça ressemble à du fichage. Après avoir rempli les dossiers des 3 enfants et celui d'Alex, je passe au mien et j'oublie que je porte mon nom de jeune fille sur mon passeport, aïe, les ratures annulent le dossier, Alex me bénit puisqu'il doit retourner à l'aéroport pour prendre un autre dossier (ils les distribuent au compte goutte seulement).
Pour cette fois il faut aussi prendre des photos d'identité et ici on est loin des normes des passeports biométriques. Tu vas chez un photographe. Il te tire le portrait pendant qu'un couple se fait prendre en photo devant un décor de forêt kitchissime, ensuite il te massacre sur son ordi en blanchissant ta peau, coupant tes oreilles, modifiant ta coiffure et ce n'est plus toi mais une sorte de zombi.
Là on en est au stade où il faut retourner à l'Alliance Française chercher les dossiers remplis par le sponsor avant de retourner les déposer à l'aéroport pour on ne sait combien de fois...
Heureusement c'est le dernier renouvellement. (Si on avait dû le faire une troisième fois on aurait dû aller tous ensemble là-bas pour prendre nos empreintes digitales, du fichage je vous dit). Et à chaque fois il faut payer biensûr...
Certains motivés vont au bout des six mois, ressortent du pays quelques jours et recommencent.